
Prix d’interprétation féminine
Festival St Jean de Luz
Made in RPC. Made in Turkey. Made in India. Made in Marocco. Made in Bangladesh. Derrière chacune de ces étiquettes qui ornent innocemment le prêt à porter occidental, se cachent des milliers de bras fatigués, de doigts engourdis, de dos endoloris et d’yeux affaiblis. Dans de grandes usines ou dans des ateliers mal éclairés, des femmes cousent à la chaîne, …, pour un salaire de misère. Si l’industrie textile est l’une des plus polluantes au monde, elle est aussi l’une de celles qui bafouent le plus le droit des travailleuses …parce que les grandes enseignes tirent toujours plus bas les prix pour satisfaire leur clientèle occidentale, c’est à dire nous qui voulons payer moins pour acheter plus. Parfois les consciences se réveillent, le temps d’un drame, comme celui qui a frappé le Bangladesh en avril 2013, … provoquant la mort de 1138 ouvriers et en blessant plus de 2 000 parmi les 5000 salariés des entreprises textiles lors d’un effondrement d’une usine…. 60% des vêtements vendus en Europe viennent du Bangladesh, pays qui est le deuxième plus grand exportateur au monde après la Chine.
C’est pour donner un nom, un visage, un destin à toutes ces ouvrières anonymes que Rubaiyat Hossain a souhaité faire ce film, mais aussi pour sensibiliser le public occidental …
Shimu ,25 ans, travaille, comme de nombreuses jeunes femmes, dans une usine textile … Enfermée dans un atelier sans fenêtre, sans climatisation, sans aération, elle se résigne à accepter des conditions de travail extrêmes, … des horaires et des cadences toujours plus délirantes. Alors qu’une journaliste veut l’interroger suite à un incendie meurtrier qui a ravagé son atelier, …, elle découvre presque par hasard qu’elle vit dans un pays où existent un droit du travail et des femmes prêtes à l’aider pour le faire respecter. D’abord réfractaire à toute idée de lutte syndicale, par peur de perdre son emploi, de se faire mal voir par les autres ouvrières, par crainte aussi des représailles de son époux au chômage qui compte sur son salaire, elle va peu à peu s’engager. C’est la naissance d’une conscience politique au féminin que raconte Made in Bangladesh, dans un pays patriarcal peu enclin à laisser la parole aux femmes…. Au fil du récit, on assiste à l’émancipation de Shimu.
Tourné au Bangladesh, dans un quartier pauvre de Dacca, avec une équipe technique essentiellement féminine, le film distille aussi les parfums, les couleurs, les odeurs de cette vie de quartier où les femmes se retrouvent et vivent dans la rue. Il dit aussi la pression de la religion et des coutumes qui imposent le mariage comme seule issue aux destinées féminines. Made in Bangladesh rappelle les films optimistes de Ken Loach, avec l’espoir au bout de l’histoire…